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13 Feb

[Reportage] Boko Haram: à Minawao, ils ont fui l'horreur et racontent

Publié par SAIDICUS LEBERGER  - Catégories :  #CAMEROUN

Des réfugiés nigérians dans le camp de Minawao, dans l'Extrême-Nord du Cameroun, en novembre 2014. AFP PHOTO: Reinnier Kazé
Des réfugiés nigérians dans le camp de Minawao, dans l'Extrême-Nord du Cameroun, en novembre 2014. AFP PHOTO: Reinnier Kazé

Le Cameroun accueille 32 000 réfugiés nigérians venus de l’Etat de Borno qui ont fui Boko Haram. Ils sont regroupés dans l’Extrême-Nord, dans le camp de Minawao à une cinquantaine de kilomètres de leur pays. Beaucoup sont chrétiens, tous ont fui les violences de Boko Haram.

Avec notre envoyé spécial à Minawao,

C’est la monotonie de l’horreur. Chacun des 32 000 Nigérians réfugiés à Minawao a eu affaire à Boko Haram. Presque tous ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille, comme ce jeune homme qui a fui Banki le 1er septembre dernier, après une attaque de Boko Haram : « Ce jour-là, mon père m’avait envoyé au marché de la ville, raconte-t-il. Mais avant que je n’atteigne le marché, j’ai entendu des coups de feu et le temps que je revienne à la maison, mon père et mes deux frères aînés avaient été tués. Après ils ont brûlé ma maison, alors je me suis enfui vers le Cameroun. Je n’avais nulle part où aller. »

Jean moulant, casquette blanche et écouteurs dans les oreilles, ce jeune Nigérian est chrétien. Il est même missionnaire. Quand Boko Haram est arrivé dans son village, il s’est enfui. Sa mère, elle, a été kidnappée : « Ils ont attrapé ma mère, explique-t-il. Elle a passé trois jours avec eux, mais elle a pu s’enfuir durant la nuit. Ils l’ont forcée à prier selon leur religion, ce qu’elle a fait pendant trois jours avant de fuir. Parfois, ils lui mettaient un couteau sous la gorge toute la nuit et menaçaient de l’égorger. Si tu ne pries pas selon leur religion, ils t’égorgent. »

Adossée à une tente du HCR, une vieille femme chenue cache sous d’épais tissus, un nourrisson famélique. C’est l’un de ses arrière-petits-enfants. Elle en a cinq comme lui à charge. Ce sont des orphelins qu’elle a recueillis. Les parents ont été assassinés par Boko Haram. Plus loin, une femme affirme que des jihadistes ont égorgé sous ses yeux des enfants en bas âge.

Par Olivier Rogez

RFI

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