Présidentielle en Tunisie : la bataille du second tour a déjà commencé

Beji Caïd Essebsi, chef du parti se disant anti-islamiste, Nidaa Tounès.

Malgré l’absence de chiffres officiels émanant du Ministère de l’Intérieur, la Tunisie s’achemine vers un second tour pour l’élection présidentielle. Les deux candidats favoris sont arrivés en tête des suffrages.

C’est un second tour qui s’annonce comme étant une véritable bataille entre deux camps. Moncef Marzouki président sortant affrontera Beji Caïd Essebsi, chef du parti se disant anti-islamiste, Nidaa Tounès.

S’ il y a encore plusieurs semaines, personne ne misait sur la présence de Marzouki en cas de duel, il semble que le temps a joué en sa faveur. Immédiatement après la fermeture des bureaux de vote dimanche les deux principaux concurrents ont assuré être en tête.

L’équipe de campagne de Caïd Essebsi, a affirmé que son candidat était très largement devant et qu’il frôlait la barre des 50% qui auraient permis d’éviter un second tour. Néanmoins du côté des équipes du chef de l’État le son de cloche est similaire puisque certains annoncent que seulement 2 à 4% séparent les deux.

Ce combat des chiffres s’inscrit dans une logique d’affrontement des deux camps qui depuis des mois n’ont de cesse de s’opposer et de s’accuser mutuellement.

Ainsi l’équipe de Moncef Marzouki met en avant le fait que son rival a servi sous Habib Bourguiba ou Zine El Abidine Ben Ali et qu’il représente de facto l’ancien régime, celui avec lequel les tunisiens ont rompu il y a désormais plus de trois ans.

Dans le camps de Béji Caïd Essebsi, le chef de l’État est pointé du doigt comme étant celui qui a dirigé avec les islamistes d’Ennahda. Il est par la même occasion considéré comme comptable des résultats catastrophiques, notamment en terme économique, obtenus par ces derniers.

Nidaa Tounès pourrait détenir tous les pouvoirs

Malgré la tenue prochaine d’un second tour, Béji Caïd Essebsi part favori pour remporter le scrutin. Si le message que donnera Hamma Hammami arrivé en troisième position comptera pour le report de voix, il est très probable que le leader de Nidaa Tounès remporte l’élection.

En raison de l’ambiance relativement tendue, Moncef Marzouki a tenu à apaiser le débat en affirmant souhaiter que l’entre deux tours soit une bataille sur les idées et les programmes et non sur des sujets autres. Il a également fait part de son agacement après la multiplication des accusations à son encontre.

Plus de cinq millions d’électeurs étaient appelés aux urnes un mois seulement après des législatives dont le caractère démocratique a été salué de façon unanime par la communauté internationale.

Cette présidentielle vient par ailleurs réaffirmer la place particulière de la Tunisie parmi les pays arabes ayant fait leur révolution ces dernières années. C’est en effet le seul pays dans lequel la transition politique a abouti à un véritable régime démocratique.

Reste désormais à savoir qui dirigera le pays les prochaines années. Une chose est certaine, la Tunisie est sur le point de réussir là où beaucoup d’autres ont échoué.

La rédaction

(Afrique Inside)